… Soit, dans l’exploration des motifs qui lui sont donnés, une nouvelle frontière dans laquelle s’immerge la dure et sèche sculpture : le vortex. Le mot désigne « un tourbillon creux dans un fluide en écoulement ». À l’appel des puissances liquides appelées par le bruissement de la rivière, l’Orbiquet, qui coule le long de sa maison, le tronc d’lroko s’effile en une longue spirale vide et ondoyante. Toujours surmontées de la tête impassible, les « figures-vortex » s’enroulent en autant de rotations immobiles jaillies du bloc, accélèrent, se déroulent et s’enroulent autour de leur axe évidé.
Leur mouvement même indique leur qualité de vecteurs temporels. Sombres et hiératiques dans leur surgissement inversé, elles s’enfoncent à l’infini en forant le ciel. Ou bien vrillent le sol. Par leur annihilation du haut et du bas, elles figurent l’origine ainsi que l’imaginait Walter Benjamin : un « tourbillon dans le fleuve du devenir » qui engloutit tout ce qui passe et pourtant ne cesse jamais de jaillir.
Arnauld Le Brusque,
l’Atelier d’Axel Cassel,
Mouvement immobiles, 2015