… Dès les années 1990, lorsqu’il parcourait le pays Lobi au Burkina Faso, en interrogeant les sculpteurs des villages sur la nature dangereuse des bras levés des Batebas lobi, ne voulait-il pas comprendre ce qui pouvait rendre fou les sculpteurs qui ne se «protégeaient» pas, et dont les empreintes de doigts restaient magiquement collées au bois ?
Loin d’y voir un simple modèle à piller – à l’instar d’un Picasso ou d’un Baselitz -, Cassel cherchait dans les sculptures traditionnelles africaines non pas un secret perdu mais une direction, une méthode, un exorcisme.
À un sculpteur lobi réputé asocial et sauvage, qui travaille en poussant des cris, il commande ainsi un bâton de danse. Car il ne croit, comme Nietzsche, « qu’en un dieu qui s’entendrait à danser ».
Emmanuel Dayde – juillet 2013